Accueil du site - 03- En France - 09- Le groupe « Philosophie à l’école primaire » de Strasbourg

La philosophie dans une classe de pédagogie institutionnelle par Christophe Fort et Raphaël Doridan

Professeurs d’école.
Publié le jeudi 5 juillet 2007.


Ce qui est proposé lors du moment de philosophie est très différent de ce qui se pratique au Conseil ou dans les « Quoi de neuf ? » .Disposés en cercle, les enfants peuvent lire au tableau la « question du jour »(selon l’expression de l’un d’entre eux). Les thèmes sont généralement suggérés par l’enseignant, mais plusieurs ont été proposés par les enfants par le biais de la boîte à questions ( autre institution de la classe coopérative institutionnelle). Quand on examinait les questions issues de la boîte, les enfants se sont demandés à plusieurs reprises si telle question sortie de la boîte et lue à la classe était ou non une « question philosophique » : ce qui a conduit à s’interroger sur : « Qu’est-ce que la philosophie ? » lors de la dernière séance de l’année scolaire.

Les réflexions des enfants les ont conduits du côté de la philosophie morale : « La philosophie, ça sert à apprendre ce qui est juste ou pas » ; « Des enfants s’améliorent en philosophie » ; « La philosophie, c’est pour savoir ce que c’est d’être méchant ». Certains enfants ont également approché intuitivement l’idée d’analyse notionnelle : « On apprend de nouveaux mots, mais aussi on apprend mieux ce que veut dire un mot ». Et suite à une question de l’enseignant sur la différence avec la recherche du sens d’un mot dans le dictionnaire : « En philosophie on explique le pourquoi des mots, mais pas dans le dictionnaire ». « On cherche les mots compliqués dans le dictionnaire, mais en philosophie, on précise ».

Au début, l’enseignant jouait le rôle de secrétaire rassemblant au tableau les idées exprimées par les enfants, les classant afin de parvenir à une certaine conceptualisation commune. Puis il a abandonné ce rôle, se contentant de relancer de temps en temps la discussion autour d’une des articulations de la notion évoquée.

Il est intéressant de relever que certains élèves, voyant que l’enseignant et l’intervenant qui l’accompagnait souvent ( un professeur de philosophie de l’IUFM) prendre des notes, ont spontanément pris une feuille pour noter, eux aussi, ce qui se disait.

L’année suivante, cette évolution a conduit à instituer un « cahier de philosophie », où chaque élève note librement ce que lui inspire la discussion.

Nous essayons également de diversifier et de préparer les débats en les liant à l’étude préalable de textes ( par exemple la vie de Bouddha ou le conte « Yacouba » pour la question « Qu’est-ce qu’être sage ? ») ou de périodes historiques ( par exemple, l’instauration de la démocratie en Grèce pour la question « Qu’est-ce qui est juste ? »). L’on constate que ces activités préalables ont incontestablement une influence positive sur la richesse des discussions.


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